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Maitriser Vagrant

Mise à jour :

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Vagrant est un outil conçu pour simplifier la gestion des environnements de développement. Vous avez besoin de configurer une machine virtuelle en quelques minutes ou de créer un environnement reproductible pour toute une équipe ? Vagrant vous permet de le faire rapidement, sans vous perdre dans des configurations complexes. Son secret ? Un simple fichier de configuration, le Vagrantfile, qui automatise tout.

Petit Historique de Vagrant

Vagrant a été créé en 2010 par Mitchell Hashimoto, alors étudiant en informatique, dans le but de résoudre un problème que beaucoup de développeurs rencontrent : les fameux “ça marche pas !”. Il voulait un outil capable de rendre les environnements de développement reproductibles et uniformes, quel que soit l’ordinateur utilisé.

Initialement, Vagrant s’appuyait uniquement sur VirtualBox comme fournisseur de machines virtuelles. Ce choix a permis une adoption rapide grâce à la gratuité et à la popularité de VirtualBox. Peu de temps après, HashiCorp, la société derrière Vagrant, a été fondée pour poursuivre le développement et intégrer davantage de fournisseurs comme VMware, Docker, ou encore des services cloud tels qu’AWS.

Au fil des années, Vagrant a évolué pour inclure des fonctionnalités avancées comme le provisionnement avec des outils tels que Ansible, Chef, ou Puppet, permettant de configurer automatiquement les machines virtuelles après leur création. Aujourd’hui, Vagrant reste un incontournable pour les développeurs et les équipes DevOps, grâce à son approche orientée infrastructure as code.

Comment fonctionne Vagrant ?

À première vue, Vagrant semble magique : une seule commande, et vous avez une machine virtuelle fonctionnelle. Mais voyons ce qui se passe réellement sous le capot. Spoiler : ce n’est pas de la magie, mais une ingénieuse combinaison de concepts bien pensés. Voici les bases.

Le fonctionnement de Vagrant repose sur un fichier clé : le Vagrantfile. C’est un fichier de configuration écrit en Ruby (mais pas besoin de connaître ce langage pour l’utiliser). Il définit tout ce dont Vagrant a besoin pour créer et gérer votre environnement. Voici quelques exemples de ce qu’on y configure :

  • La box : une image système de base, comme “ubuntu/bionic64”.
  • Le fournisseur : l’outil qui gère la virtualisation, comme VirtualBox ou Docker.
  • Le provisionnement : les scripts ou outils pour installer des logiciels, comme Ansible ou des scripts Shell.

Un exemple minimal de Vagrantfile pourrait ressembler à ceci :

Vagrant.configure("2") do |config|
config.vm.box = "ubuntu/bionic64"
end

Ici, Vagrant télécharge une box Ubuntu prête à l’emploi et initialise une machine virtuelle basée dessus.

Une box, c’est une image préconfigurée d’un système d’exploitation. Pensez-y comme un point de départ. Vous pouvez choisir parmi des centaines de boxes disponibles sur le Vagrant Cloud ou en créer une personnalisée.

Par exemple, pour lancer une box Ubuntu officielle :

Terminal window
vagrant init ubuntu/bionic64
vagrant up

Cela télécharge la box si elle n’existe pas localement, crée une machine virtuelle et la démarre.

Vagrant ne crée pas directement les machines virtuelles. Il s’appuie sur des fournisseurs (ou “providers”) comme :

  • VirtualBox : parfait pour un usage local.
  • Libvirt : pour des environnements KVM/QEMU.
  • Docker : idéal pour des environnements légers et rapides.
  • AWS ou Azure : pour des environnements cloud.

Le fournisseur est défini dans le Vagrantfile, mais vous pouvez aussi en changer via des commandes spécifiques.

Une fois la machine virtuelle en place, le provisionnement entre en jeu. C’est ici que vous automatisez l’installation des logiciels et des configurations nécessaires. Vagrant supporte plusieurs outils de provisionnement, comme :

  • Des scripts Shell (simples et efficaces) :

    config.vm.provision "shell", inline: "sudo apt-get update && sudo apt-get install -y nginx"
  • Des outils avancés comme Ansible, Chef, ou Puppet.

L’avantage ? Vous gagnez du temps et limitez les erreurs. Une seule configuration suffit pour que tout fonctionne chez tout le monde.

Pour interagir avec vos environnements, Vagrant propose une série de commandes simples mais puissantes :*

  • vagrant init : initialise un projet Vagrant et crée un Vagrantfile.
  • vagrant up : démarre l’environnement.
  • vagrant halt : arrête la machine virtuelle.
  • vagrant destroy : supprime l’environnement.
  • vagrant ssh : se connecter à la machine virtuelle via SSH.

Quand utiliser Vagrant ?

Vagrant est l’outil idéal pour de nombreux cas de figure où des environnements reproductibles et faciles à gérer sont nécessaires. Voici les principales situations où il brille :

  • Créer des environnements de développement homogènes : Assurez que toute votre équipe travaille dans des conditions identiques, peu importe le système d’exploitation ou la configuration de chaque machine. Fini les “ça marche chez moi, pas chez toi”.

  • Tester dans des environnements variés : Besoin de tester une application sur plusieurs systèmes d’exploitation ou configurations ? Avec Vagrant, vous pouvez basculer entre Ubuntu, CentOS ou Windows sans effort, directement sur votre poste.

  • Automatiser les tests dans les pipelines CI/CD : Intégrez Vagrant dans vos pipelines d’intégration et de livraison continues. Il crée des environnements propres pour chaque build, garantissant des tests fiables avant déploiement.

  • Former et enseigner plus facilement : Fournissez des machines virtuelles préconfigurées aux étudiants ou stagiaires. Cela leur permet de se concentrer sur l’apprentissage, sans perdre de temps sur les installations ou configurations.

  • Partager des environnements avec l’équipe : Distribuez simplement un Vagrantfile pour que chaque développeur puisse reproduire exactement le même environnement. Un gros gain pour la collaboration en équipe.

  • Prototyper et expérimenter sans risque : Testez de nouvelles technologies, configurations ou architectures en créant rapidement des environnements jetables, sans impacter votre système principal.

En résumé, utilisez Vagrant dès que vous avez besoin de flexibilité, d’homogénéité et d’automatisation dans la gestion de vos environnements. C’est un vrai couteau suisse pour les développeurs et les équipes DevOps.

Comment installer Vagrant ?

Vagrant fonctionne sur la plupart des systèmes d’exploitation dont Linux, MacOs et Windows.

Installation de Vagrant sur Linux

Je ne vais documenter que l’installation de Vagrant sur une distribution de la famille Debian (Ubuntu, kali, Pop OS) :

Terminal window
# Pour un debian/ubuntu
curl -fsSL https://apt.releases.hashicorp.com/gpg | sudo gpg --dearmor -o /usr/share/keyrings/hashicorp-archive-keyring.gpg
echo "deb [signed-by=/usr/share/keyrings/hashicorp-archive-keyring.gpg] https://apt.releases.hashicorp.com $(lsb_release -cs) main" | sudo tee /etc/apt/sources.list.d/hashicorp.list
sudo apt update && sudo apt install vagrant
# Pouroùn redhat/oraclelinux/centos
sudo yum install -y yum-utils
sudo yum-config-manager --add-repo https://rpm.releases.hashicorp.com/RHEL/hashicorp.repo
sudo yum -y install vagrant

Installation de libvirt (KVM)

Libvirt est une bibliothèque open-source et un ensemble d’outils de gestion pour la virtualisation. Il fournit une interface de programmation (API) pour gérer des outils de virtualisation, telles que KVM, QEMU, Xen, VirtualBox et d’autres. Ma préférence va bien sûr à l’utilisation de KVM et QEMU car plus rapide que les autres solutions pourtant plus populaires comme VirtualBox ou vmWare Player.

Je préfère utiliser libvirt avec QEMU et KVM, sur un serveur de la famille Debian :

Terminal window
sudo apt update
sudo apt install build-dep qemu-kvm libvirt-daemon-system libguestfs-tools ksmtuned libvirt-clients libxslt-dev libxml2-dev libvirt-dev zlib1g-dev ruby-dev ruby-libvirt ebtables
sudo usermod -aG libvirt $USER
vagrant plugin install vagrant-libvirt

Si vous n’êtes pas un pro de la commande virsh je vous conseille d’installer cockpit.

Terminal window
sudo apt update
sudo apt install cockpit cockpit-machines

Ensuite pour gérer vos vm cliquez sur ce lien http://localhost:9090. Pour vous connecter, entrez votre user / mdp. La gestion des machines virtuelles se retrouve dans la section du même nom.

cockpit machines vagrant

Installation de Vagrant sur Windows

Pour installer Vagrant sur une machine Windows, commencez par télécharger l’installeur Windows depuis le site web officiel. Ensuite exécutez le et suivez les étapes d’installation. Une fois l’installation terminée, ouvrez une fenêtre de terminal (par exemple, PowerShell ou CMD) pour vérifier que tout fonctionne comme attendu et exécutez la commande vagrant --version.

Installation de vagrant sur MacOS

Sur MacOS, j’ai rédigé un billet.

Premiers tours de roue

Pour vérifier que tout fonctionne, il suffit de lancer le provisionnement de votre première VM :

Terminal window
vagrant box add centos/8
vagrant init centos/8
vagrant up
vagrant ssh

La première commande télécharge la box, vous pouvez en trouver en grand nombre sur ce site, mais faites bien attention à utiliser des images sûres. Nous proposerons bientôt des images que nous construirons avec packer et contentant tout ce qu’il faut pour développer rapidement.

Pour éviter de définir à chaque fois votre hyperviseur, vous pouvez ajouter ceci à votre .bashrc:

Terminal window
export VAGRANT_DEFAULT_PROVIDER=libvirt

La seconde commande, vagrant init centos\8 créé le fichier de configuration Vagrantfile par défaut avec le minimum syndical en utilisant une des box ajouté avec la commande box add.

vagrant up lance le provisionnement en lui-même. Attention beaucoup de données sont ajoutée à un dossier caché .vagrant dans votre répertoire de travail !

vagrant ssh permet de se connecter à votre VM.

Pour détruire une VM, il suffit de lancer la commande vagrant destroy.

Le fichier de déclaration Vagrantfile

Ce fichier de déclaration Vagrantfile utilise un langage proche de ruby.

Quelques règles de syntaxe pour les fichiers Vagrantfile

  • Les commentaires sur une seule ligne commencent avec un #
  • Les commentaires sur plusieurs lignes sont encadrés par /* et */
  • Les variables Vagrantfile sont assignées avec la syntaxe key = value (aucune importance concernant les espaces). Les valeurs peuvent être des primitives string, number ou boolean ou encore une list ou une map.
  • Les chaînes de caractères sont encadrées par des “doubles-quotes”.
  • Les valeurs booléennes peuvent être true ou false.

Premières lignes de Vagrantfile

Vagrant.configure("2") do |config|
config.vm.box = "generic/ubuntu2204"
end

Ici, on ne fait que configurer avec la version (“2”) de vagrant un objet config qui utilise une image ubuntu precise 32 bits.

À partir de là, on peut configurer plus finement notre VM avec différentes sections :

  • config.vm : pour paramétrer la machine
  • config.ssh : pour définir comment Vagrant accédera à votre machine
  • config.vagrant : pour modifier le comportement de Vagrant en lui-même.

En fait, on se limitera pour le moment à la partie paramétrage de la VM.

Paramétrage de la VM config.vm

Vous pouvez retrouver toute la documentation de cette partie sur le site de vagrant. Je vais vous expliquer quelques-uns de ces paramètres :

Prenons cet exemple de fichier Vagrantfile:

Vagrant.configure("2") do |config|
config.vm.box = "ol8"
config.vm.provider "libvirt" do |hv|
hv.cpus = "1"
hv.memory = "512"
end
config.vm.synced_folder '.', '/vagrant', disabled: true
config.vm.define "host1" do |host1|
host1.vm.network :private_network, ip: "192.168.3.10"
host1.vm.hostname = "host1"
end
end

network

On configure ici la partie réseau. Dans notre exemple, on fixe l’adresse IP.

box

Je vous dis plus qu’on retrouve ici la box que l’on va utiliser. Ces box peuvent être installé avec la commande vagrant box add. Pour les lister vagrant box list et vagrant box remove pour les retirer.

provider

Attention ici bien indiquée l’hyperviseur utilisé. On ouvre une autre boucle pour configurer propre à chaque hyperviseur. La doc de celui de libvirt est ici.

config.vm.provider "libvirt" do |hv|
hv.cpus = "1"
hv.memory = "512"

provision

Cette partie permet de définir ce qu’il se passe une fois que la machine est démarrée. Vous avez le choix d’utiliser langage dont les plus courants sont le shell, ansible et bien d’autre encore.

Dans notre exemple, on utilise Ansible avec comme paramètre le playbook et le niveau de verbosité utilisé. Le playbook doit se trouver à la racine ou si vous lui indiquez le chemin relatif dans un sous dossier.

Quelques tips

Avec la gestion des VM

Ne pas détruire la VM en cas d’erreur

Dans la phase de développement d’un playbook Ansible, il peut être utile de conserver la VM et ce même en cas d’erreur à des fins de debug. Pour cela, il suffit d’utiliser l’option --no-destroy-on-error :

Terminal window
vagrant up --no-destroy-on-error

Vous pouvez relancer le playbook avec l’option ci-après.

Relancer le provisioning sur une VM déjà instanciée

Pour relancer le playbook sur une VM déjà démarrée, il suffit d’utiliser l’option --provision:

Terminal window
vagrant up --provision

Ajouter votre VM dans votre fichier /etc/hosts

Vagrant dispose de pas mal de plugins dont un des plus intéressants est hostsupdater. Pour l’installer, il suffit de taper la commande suivante :

Terminal window
vagrant plugin install vagrant-hostsupdater

vagrant push

La commande vagrant push permet d’invoquer une commande shell ou un script arbitraire dans le cadre d’un push.

Par exemple, vous pouvez lancer des playbooks en prenant l’inventaire généré dans la partie provisioning :

config.push.define "local-exec" do |push|
push.inline = <<-SCRIPT
ansible-playbook -i .vagrant/provisioners/ansible/inventory/vagrant_ansible_inventory master.yml
ansible-playbook -i .vagrant/provisioners/ansible/inventory/vagrant_ansible_inventory slave.yml
SCRIPT
end

Sur les vagrantfile

Boucle sur plusieurs machines

(1..3).each do |i|
config.vm.define "node-#{i}" do |node|
node.vm.provision "shell",
inline: "echo hello from node #{i}"
end
end

Lancer un playbook sur vos vms lors de leur création

Pour permettre d’utiliser plus facilement vos VMs, vous pouvez lancer un playbook pour autoriser la connexion par mots de passe, copier votre propre clé ssh. Tout est envisageable.

---
- hosts: all
gather_facts: no
become: true
# Vagrant provison runs this file, so you don't actually need an inventory
# it does that for you.
# Basically we setup a bunch of environment stuff so we can ssh into the host
# Using all the data from all.yml
tasks:
- name: Allow password authentication
lineinfile:
path: /etc/ssh/sshd_config
regexp: "^PasswordAuthentication"
line: "PasswordAuthentication yes"
state: present
notify: restart sshd
- name: Set authorized key took from file
authorized_key:
user: vagrant
state: present
key: "{{ lookup('file', '/home/ubuntu/.ssh/id_ed25519.pub') }}"
handlers:
- name: restart sshd
service:
name: sshd
state: restarted

Ensuite, il ne reste plus qu’à modifier votre config ssh dans le fichier ~/.ssh/config pour indiquer que pour se connecter aux VMs on utilise le user vagrant.

Terminal window
Host 192.168.121.*
User vagrant
IdentityFile /home/ubuntu/.ssh/id_ed25519.pub

Une autre solution serait d’utiliser la conf Vagrant retourné par la commande ssh-config. Mais c’est moins générique. À vous de voir.

Terminal window
Host host1
HostName 192.168.121.246
User vagrant
Port 22
UserKnownHostsFile /dev/null
StrictHostKeyChecking no
PasswordAuthentication no
IdentityFile /home/ubuntu/Projets/ansible/playbooks/izyview/.vagrant/machines/host1/libvirt/private_key
IdentitiesOnly yes
LogLevel FATAL

Suspendre et restorer des VM

Vagrant propose une fonctionnalité permettant de suspendre les VM provisionnées, afin par exemple de changer de projet ou vous pouvez démarrer de nouvelles VMS.

Il s’agit des commandes vagrant suspend et vagrant resume

Un exemple de configuration plus complexe

Si vous voulez des exemples un peu plus complexes, je vous propose de vous rendre sur mes projets CKASandbox.

Plus d’infos

Site officiel vagrantup.com Documentation vagrantup.com/docs