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Protéger ses données sensibles des Google Dorks

Les Google Dorks sont des techniques de recherche avancée permettant d’exploiter tout le potentiel de Google pour découvrir des informations spécifiques, parfois sensibles, accessibles sur le Web. Utilisés initialement pour affiner les recherches en ligne, ils sont devenus des outils incontournables pour les administrateurs systèmes et les professionnels de la cybersécurité afin d’auditer et de sécuriser les données indexées.

Historique des Google Dorks

Dès les premières années de Google, certains utilisateurs curieux ont compris que le moteur de recherche pouvait être exploité de manière plus sophistiquée grâce à des commandes spécifiques. C’est en 2002 que Johnny Long, un chercheur en sécurité, a popularisé le terme en mettant en lumière comment des requêtes bien construites pouvaient révéler des informations sensibles indexées par erreur.

Initialement, les Google Dorks étaient utilisés pour affiner les recherches et explorer des ressources spécifiques telles que des fichiers PDF, des documents Word, ou des pages web avec des mots-clés particuliers. Cependant, très vite, les experts en cybersécurité ont réalisé le potentiel de ces commandes pour découvrir des vulnérabilités, comme des fichiers non protégés, des répertoires ouverts, et des interfaces d’administration exposées au grand public.

Cette pratique a contribué à la naissance de la Google Hacking Database (GHDB), créée par Johnny Long pour regrouper des milliers de requêtes permettant d’identifier des failles ou des données sensibles. Avec le temps, les Google Dorks ont évolué d’un simple outil de recherche avancée à un outil d’investigation reconnu.

Aujourd’hui, l’utilisation des Google Dorks est largement adoptée par les professionnels de la sécurité informatique pour des audits de sécurité. Bien que leur usage puisse soulever des questions éthiques et légales, leur contribution à l’amélioration des pratiques de sécurité sur le web est indéniable.

Syntaxe des Oérateurs de recherche

Les Google Dorks sont des requêtes de recherche qui utilisent une syntaxe spécifique pour filtrer et affiner les résultats de recherche.

Pour maîtriser l’art des Google Dorks, il faut se familiariser avec les opérateurs.

  • site:

    Cet opérateur limite la recherche à un site ou un domaine spécifique. Cela peut être très utile pour explorer le contenu de manière ciblée sans être noyé par des résultats externes.

    Exemple : site:exemple.com "politique de confidentialité"

  • filetype: et ext:

    Si vous recherchez un type de fichier particulier, ces opérateurs sont vos meilleurs alliés. filetype: et ext: permettent de restreindre la recherche à un format de fichier précis.

    Exemple : filetype:pdf guide utilisateur

  • intitle: et allintitle:

    Ces opérateurs permettent de rechercher des mots spécifiques dans le titre d’une page. intitle: vérifie la présence d’un mot dans le titre, tandis que allintitle: exige que tous les mots spécifiés y soient présents.

    Exemple : intitle:"rapport annuel"

  • inurl: et allinurl:

    Ces commandes recherchent des termes dans l’URL d’une page. Elles sont très utiles pour repérer des pages spécifiques, comme des portails d’administration ou des répertoires cachés.

    Exemple : inurl:admin

  • intext: et allintext:

    Ces opérateurs explorent le texte d’une page pour y trouver des mots clés. intext: cherche un mot précis, tandis que allintext: vérifie que tous les mots spécifiés soient présents dans le corps du texte.

    Exemple : intext:"informations confidentielles"

  • cache: Cet opérateur affiche la version en cache d’une page web, enregistrée par Google. Il est utile pour accéder à une version antérieure d’un site ou pour visualiser une page lorsque le site est temporairement indisponible.

    Exemple : cache:exemple.com

  • inanchor:

    L’opérateur inanchor: permet de rechercher des pages qui contiennent un texte d’ancrage particulier dans les liens qui y mènent. Cela peut être intéressant pour analyser la structure des liens entrants.

    Exemple : inanchor:"cliquez ici"

  • after: et before:

    Ces opérateurs sont parfaits pour filtrer des résultats en fonction de la date de publication. after: permet de rechercher des pages publiées après une date spécifique, et before: limite les résultats aux pages publiées avant une certaine date.

    Exemple : site:exemple.com after:2022-01-01

Exemples pratiques de Google Dorks

Les Google Dorks sont particulièrement puissants lorsqu’ils sont utilisés de manière pratique pour rechercher des informations spécifiques. Voici quelques exemples concrets qui illustrent comment ces commandes peuvent être appliquées dans des contextes variés, en particulier pour l’analyse de sécurité et la détection de données accessibles par inadvertance.

  1. Recherche de documents sensibles L’une des utilisations les plus courantes des Google Dorks consiste à trouver des documents confidentiels laissés publiquement accessibles. Par exemple, la requête suivante permet de rechercher des fichiers Excel contenant des données potentiellement sensibles :

    filetype:xls site:example.com
  2. Identification des pages de connexion Pour repérer les pages de connexion ou d’administration, on peut utiliser l’opérateur “inurl:” associé à des mots-clés :

    inurl:login intitle:"admin"
  3. Recherche de caméras IP non protégées Une utilisation étonnante mais réelle des Google Dorks concerne la découverte de flux vidéo non protégés. La requête suivante permet de rechercher des caméras IP accessibles :

    inurl:"view/index.shtml"
  4. Trouver des répertoires non sécurisés Les Google Dorks peuvent aider à repérer des répertoires ouverts contenant des fichiers sensibles. L’utilisation de la commande suivante montre les pages d’index :

    intitle:"index of" "parent directory"
  5. Recherche de mots de passe et de données d’identification Même si cela peut sembler inquiétant, certaines erreurs de configuration exposent des fichiers contenant des mots de passe. La requête suivante illustre comment cela peut se produire :

    filetype:txt "password"
  6. Recherches dans les journaux d’erreur Les journaux d’erreur laissés accessibles peuvent contenir des informations précieuses sur la structure d’un site ou sur des erreurs spécifiques :

    intitle:"error log" filetype:log

Ces exemples montrent comment des Google Dorks bien utilisés peuvent révéler des données laissées ouvertes par négligence ou par une mauvaise configuration.

Google Hacking Database (GHDB)

Comme je vous l’ai dit ci-dessus, il existe une base de données des Google Dorks. Il s’agit de la Google Hacking Database (GHDB) qui liste l’ensemble des Google Dorks disponibles. Cette base de données est maintenue par la communauté et est disponible pour tous les utilisateurs, y compris les malveillants. D’ailleurs, c’est un des outils utilisés dans la phase de préparation d’une cyberattaque.

Sécuriser votre site contre les recherches par Google Dorks

Pour les administrateurs systèmes et les responsables de sites web, il est essentiel de prendre des mesures pour protéger leurs systèmes contre l’indexation involontaire de fichiers et d’informations sensibles par les moteurs de recherche.

  1. Utiliser le fichier robots.txt : Le fichier robots.txt est une première ligne de défense contre l’indexation des moteurs de recherche. Il indique aux robots d’exploration quelles parties du site ne doivent pas être indexées. Bien que cela n’empêche pas les utilisateurs malveillants de consulter directement les fichiers protégés, cela peut réduire la visibilité de certaines pages. Exemple de contenu :

    User-agent: *
    Disallow: /admin/
    Disallow: /confidential/
  2. Protéger les répertoires sensibles par mot de passe : Les répertoires contenant des informations sensibles doivent être protégés par un mot de passe grâce à des outils tels que .htaccess et .htpasswd. Cela ajoute une couche de sécurité supplémentaire, rendant l’accès aux fichiers plus difficile, même s’ils sont accidentellement indexés.

  3. Restreindre l’accès aux fichiers critiques : Configurez les permissions des fichiers et des répertoires pour limiter l’accès aux utilisateurs autorisés uniquement. Les fichiers tels que config.php, .env, et autres fichiers de configuration doivent être placés en dehors du répertoire racine accessible publiquement et ne jamais être exposés.

  4. Surveiller les journaux d’accès : Analysez régulièrement les journaux d’accès pour identifier les tentatives d’accès à des fichiers ou répertoires sensibles.

  5. Auditer régulièrement votre site : Effectuez des audits réguliers de votre site pour identifier les fichiers et les répertoires qui pourraient être accidentellement indexés. Les outils d’audit automatisés et manuels peuvent aider à repérer les failles potentielles avant qu’elles ne soient exploitées.

  6. Empêcher l’indexation de bases de données et de sauvegardes : Les bases de données et les fichiers de sauvegarde (.sql, .bak) doivent être stockés dans des emplacements sécurisés et non accessibles publiquement. De plus, leur accès devrait être restreint par des permissions rigoureuses et des politiques de sécurité internes.

  7. Mettre à jour et renforcer les CMS et plugins : Si votre site utilise un système de gestion de contenu (CMS) comme WordPress, Joomla, ou Drupal, assurez-vous de mettre à jour régulièrement le CMS et ses plugins. De nombreuses failles exploitables peuvent provenir de plugins obsolètes ou mal configurés.

  8. Éducation et sensibilisation : Enfin, il est essentiel de sensibiliser votre équipe aux bonnes pratiques en matière de sécurité et à l’importance de la confidentialité des données. Assurez-vous que tous les membres connaissent les risques liés à l’indexation non sécurisée et savent comment agir en conséquence.

En mettant en place ces mesures, vous pouvez réduire considérablement le risque que des informations sensibles soient accessibles via des Google Dorks et garantir que votre site et vos données restent protégés contre les accès non autorisés et les menaces potentielles.

Risques et éthique d’utilisation

L’utilisation des Google Dorks peut être très bénéfique pour la recherche et l’audit de sécurité, mais elle comporte aussi des risques et des implications éthiques qu’il est essentiel de comprendre et de respecter. Voici un tour d’horizon des principaux risques et des considérations éthiques à prendre en compte lors de l’utilisation des Google Dorks.

  1. Risque juridique : L’utilisation des Google Dorks pour accéder à des informations sensibles peut soulever des questions juridiques. Même si ces informations sont techniquement accessibles au public, leur consultation et leur utilisation peuvent être considérées comme une violation de la vie privée ou des lois sur la protection des données. Il est donc crucial de connaître et de respecter les lois locales et internationales régissant l’accès aux données.

  2. Atteinte à la vie privée : Les Google Dorks peuvent révéler des données personnelles telles que des adresses e-mail, des numéros de téléphone, ou des documents privés indexés par erreur. L’exploration de telles données sans autorisation peut constituer une violation de la vie privée des individus ou des organisations. Il est impératif de ne pas exploiter ces données de manière abusive ou illégale.

  3. Utilisation à des fins malveillantes : Les cybercriminels utilisent parfois les Google Dorks pour découvrir des vulnérabilités et exploiter des systèmes mal sécurisés. L’utilisation de ces techniques pour accéder à des informations confidentielles sans autorisation peut être considérée comme une intrusion et peut entraîner des poursuites légales sévères. Les utilisateurs doivent toujours veiller à rester dans un cadre éthique et légal.

  4. Répercussions sur la sécurité des systèmes : Même dans un contexte légitime, l’utilisation des Google Dorks pour effectuer des audits de sécurité peut provoquer des conséquences imprévues, comme l’affichage public de vulnérabilités qui pourraient être exploitées par des tiers malveillants. Il est donc essentiel de traiter ces informations avec soin et de notifier rapidement les administrateurs ou les propriétaires de sites en cas de découverte de failles.

  5. Importance de l’autorisation préalable : Avant de mener des recherches approfondies utilisant des Google Dorks sur un site ou une organisation, il est fondamental d’obtenir une autorisation préalable. L’exécution de recherches sans consentement explicite peut être perçue comme une tentative d’intrusion, même si les données sont disponibles publiquement. Les tests de sécurité doivent être conduits dans le respect des normes et des pratiques éthiques, souvent formalisées par des contrats de test de pénétration.

  6. Distinguer la recherche légitime de l’intrusion : La ligne entre une recherche légitime et une intrusion peut être mince. Par exemple, utiliser des Google Dorks pour vérifier la présence de fichiers publics dans un cadre d’audit de sécurité est acceptable, mais tenter de contourner des mécanismes de sécurité ou exploiter des données trouvées sans permission ne l’est pas. La transparence et l’intention doivent guider toutes les actions liées à l’utilisation des Google Dorks.

En conclusion, l’utilisation des Google Dorks doit être guidée par un sens aigu de l’éthique et du respect des lois. Ces outils sont extrêmement puissants et peuvent être bénéfiques lorsqu’ils sont utilisés de manière responsable pour protéger et renforcer la sécurité des systèmes. Toutefois, une mauvaise utilisation peut entraîner des répercussions juridiques et éthiques importantes, mettant en danger non seulement l’utilisateur, mais aussi les systèmes concernés.

Outils exploitant les Google Dorks

Et Oui, il existe plusieurs outils exploitant les Google Dorks. Ces outils automatisent la recherche avancée pour identifier des informations sensibles qui pourraient être accessibles en ligne par inadvertance. Voici quelques exemples :

  1. Dork Searcher : Un outil en ligne simple qui permet d’automatiser l’utilisation des Google Dorks pour rechercher des informations spécifiques sur Internet. Il peut être utilisé pour effectuer des recherches massives à l’aide d’une liste de dorks prédéfinis.

  2. SiteDorks : Un script qui aide à rechercher des dorks sur des sites spécifiques. Il est utilisé pour effectuer des audits ciblés sur des domaines précis pour vérifier si des informations sensibles sont indexées.

  3. GooDork : Un outil en ligne de commande écrit en Python qui facilite l’utilisation de Google Dorks pour automatiser les recherches sur le Web. Il est souvent utilisé par les chercheurs en sécurité pour découvrir des informations sensibles.

  4. TheHarvester : Cet outil est principalement utilisé pour la collecte d’informations (e.g., e-mails, sous-domaines), mais peut être configuré pour utiliser des Google Dorks dans le cadre d’un audit de sécurité.

Cette petite liste d’outils, rapidement trouvé, montre au combien il est facile de trouver massivement des données sensibles sur internet. Il se pourrait que certaines de ses données vous concernent. Il est peut-être encore temps d’agir.

Conclusion

Vous l’aurez compris, les Google Dorks sont une arme redoutable qui, lorsqu’ils tombent entre de mauvaises mains, peuvent exposer des données sensibles et créer des failles de sécurité. C’est pourquoi il est essentiel de se former en continu sur les aspects pratiques de la sécurité informatique et les stratégies de prévention. Une connaissance approfondie des menaces et des moyens de protection est cruciale pour anticiper et contrer les risques potentiels. Pour approfondir vos compétences, explorez les ressources disponibles sur la sécurité des systèmes ici.