Réduire ma dépendance aux GAFAM
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Depuis quelque temps, je ressens le besoin de reprendre le contrôle sur mes outils numériques. Non pas par rejet technologique, mais par souci de vie privée, de souveraineté, et de cohérence avec mes valeurs. Dans ce billet, je vous partage les premiers pas concrets que j’ai entrepris pour réduire ma dépendance aux GAFAM, et amorcer une transition vers un numérique plus libre et éthique.
Ce qui m’a poussé à agir
Il y a encore quelques années, quand j’entendais parler de souveraineté des données ou des dérives des GAFAM, je restais dubitatif. Pour moi, les lois — européennes notamment — étaient là pour garantir nos droits. Je pensais que les régulations, comme le RGPD, suffisaient à contenir les excès des géants du numérique.
Mais ces derniers mois, le ton a changé, et l’actualité m’a ouvert les yeux. On constate que depuis le retour de Donald Trump sur la scène politique, une partie de l’industrie tech semble prête à contourner les règles lorsque cela sert ses intérêts. On voit que des dirigeants comme Elon Musk, à la tête de plusieurs entreprises stratégiques, défier ouvertement les autorités.
Et surtout, j’ai mieux compris l’impact des lois extraterritoriales américaines. Le Cloud Act, par exemple, permet aux États-Unis d’exiger l’accès à des données hébergées en Europe si elles sont traitées par une entreprise américaine. Autrement dit : même si je choisis un hébergeur en France, mes données peuvent se retrouver entre les mains d’un gouvernement étranger, sans que je sois prévenu.
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé : la souveraineté numérique, ce n’est pas un concept lointain. C’est une urgence personnelle. Et si je voulais vraiment me protéger, je devais reprendre le contrôle sur mes outils numériques. Réduire ma surface d’exposition. Sortir, petit à petit, de ma dépendance aux GAFAM.
Comprendre la surface d’exposition numérique
Quand on parle de surface d’exposition, on utilise un terme issu de la cybersécurité. En gros, c’est l’ensemble des points par lesquels mes données peuvent être collectées, surveillées, ou même attaquées. Et aujourd’hui, cette surface est gigantesque : nos smartphones, nos mails, nos recherches web, nos objets connectés, nos comptes cloud… tout est interconnecté, et donc exposé.
Je me suis posé une question simple : où partent mes données, et qui y a accès ? La réponse fait froid dans le dos. En utilisant un smartphone Android classique, avec un compte Google actif, j’envoie en permanence des informations sur ma position, mes habitudes, mes contacts, mes messages. Et c’est sans parler des applications qui aspirent des données pour les revendre ou les croiser avec d’autres services.
En identifiant ces points d’exposition, j’ai pu commencer à agir concrètement :
- Le système d’exploitation du téléphone : souvent le plus bavard.
- Les services cloud : synchronisation automatique avec Google Drive, iCloud…
- Les applications tierces : celles qui demandent des autorisations excessives.
- Les navigateurs web : pistage publicitaire, cookies, fingerprinting.
L’idée n’est pas de tout supprimer, mais de reprendre le contrôle. Moins j’expose d’informations, moins je prends de risques. C’est une logique de minimisation. Chaque dépendance à un service GAFAM est une porte ouverte sur ma vie numérique. Et plus je ferme de portes, plus je me sens libre.
Se libérer de la dépendance aux GAFAM
Maintenant que j’ai compris à quel point les GAFAM sont enracinés dans mon quotidien numérique, je veux commencer à m’en détacher progressivement. Pas par posture idéologique, mais parce que je ne voulais plus que la majorité de mes données personnelles transite par les mêmes entreprises qui exploitent ou contournent les lois à leur avantage.
Mais soyons clairs : je ne suis pas (encore) allé jusqu’au bout de la démarche. J’ai fait des choix pragmatiques, en commençant par ce qui me semblait le plus exposé.
Aujourd’hui, pour les usages en ligne les plus sensibles, j’ai commencé à basculer vers la suite Infomaniak, un acteur suisse qui mise sur la souveraineté numérique :
- KMail pour mes e-mails principaux, avec hébergement en Suisse.
- KDrive pour le stockage et le partage de documents.
- L’ensemble KSuite ↗ (agenda, contacts, tâches…) qui peut remplacer avantageusement les services Google.
Ce choix m’a permis de réduire considérablement ma dépendance à Google, sans trop changer mes habitudes. J’ai aussi gardé certaines briques “mainstream” pour l’instant, parce que la transition doit rester progressive. Je ne veux pas me couper du monde, mais reprendre la main, étape par étape.
L’essentiel, à mon avis, c’est d’avoir une direction claire : remplacer, à chaque fois que c’est possible, un service GAFAM par une alternative plus respectueuse. Et Infomaniak, en ce sens, m’offre une base solide.
Mon test en cours d’un smartphone libéré
Actuellement, je mène un test grandeur nature : j’utilise un Nothing Phone 1 sur lequel j’ai installé un système d’exploitation alternatif à Android, qui ne dépend pas de Google. J’ai fais le choix de e/OS/ ↗.
Ce n’est pas une version officielle prise en charge par l’éditeur, mais une build communautaire. Et pourtant, tout fonctionne. À ma grande surprise.
J’ai choisi ce téléphone parce que je l’avais sous la main : il me servait de secours au cas où mon Pixel me lâcherait. Plutôt que de le laisser dans un tiroir, je l’ai transformé en expérience de dégooglisation mobile. Et aujourd’hui, il est devenu mon smartphone principal. Ou presque.
L’installation a demandé un peu de temps, quelques manipulations (bootloader, recovery, flash…), mais la communauté fournit des guides très clairs. Une fois le système installé, j’ai pu réinstaller mes applications essentielles via des stores alternatifs.
Et ce qui m’a bluffé, c’est que les applications indispensables fonctionnent :
- L’application bancaire du Crédit Agricole fonctionne sans souci, y compris le paiement sans contact.
- Les tickets RATP et les applis de transport s’ouvrent comme sur mon ancien téléphone.
- Je retrouve mes contacts, mes mails (via KMail), et même la navigation GPS.
Je me rends compte qu’un smartphone sans Google, ce n’est pas seulement possible — c’est fluide, cohérent, et finalement très proche de l’expérience Android classique.
Ce test est encore en cours. Je garde un œil sur la stabilité, sur les mises à jour, sur les éventuels bugs. Mais pour l’instant, c’est une réussite. Et ça me donne envie d’aller plus loin.
Et maintenant ? Continuer, documenter, partager
Ce test m’a ouvert les yeux : se libérer des GAFAM, ce n’est pas une utopie technique réservée à quelques experts. C’est une démarche accessible, concrète, et surtout urgente pour qui veut reprendre un peu de pouvoir sur son environnement numérique.
Je suis loin d’avoir terminé. Ce que j’ai entamé n’est qu’un premier jalon. Il me reste encore beaucoup à explorer : trouver des alternatives crédibles aux outils que j’utilise encore, affiner mes réglages, mieux comprendre les enjeux de souveraineté numérique.
Et c’est justement ce que je veux faire : chercher, tester, comprendre… puis partager.
Je prévois de rédiger une série de billets de blog, chacun dédié à un aspect précis de cette transition : la messagerie, le cloud, le choix d’un OS mobile, la question du navigateur, les outils collaboratifs, etc. Mon objectif est simple : mettre en lumière les solutions existantes, sans dogmatisme, avec un regard pratique, critique, et toujours ancré dans le réel.
Parce que je suis convaincu que plus, on partage ces démarches, plus on aide d’autres à franchir le pas. Et c’est comme ça, à mon échelle, que je contribue à construire un numérique plus libre et plus sûr.