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La gestion des utilisateurs sous Linux

Mise à jour :

La gestion des utilisateurs et groupes sous Linux est essentielle pour contrôler l’accès aux ressources du système et organiser les droits de chaque utilisateur. Ce guide explique le fonctionnement des comptes utilisateurs, le rôle des groupes, la gestion des mots de passe et les mécanismes de permissions. Vous y trouverez aussi des informations sur l’élévation de privilèges et des recommandations pour renforcer la sécurité. Les différentes commandes permettant d’administrer ces éléments sont présentées en détail dans un chapitre dédié.

Comprendre les utilisateurs et groupes sous Linux

Linux est conçu comme un système multi-utilisateur, ce qui signifie que plusieurs personnes ou processus peuvent utiliser la machine en même temps tout en gardant leurs propres espaces et permissions. Chaque utilisateur est identifié par un nom unique (le login) et par un UID (User ID), un numéro attribué automatiquement lors de la création du compte. Les utilisateurs sont organisés en groupes, identifiés par un GID (Group ID).

Il existe plusieurs types d’utilisateurs :

  • Le superutilisateur (root) : il possède l’UID 0 et dispose de tous les droits d’administration sur le système. Ce compte est réservé aux tâches sensibles et critiques.
  • Les comptes systèmes : généralement avec des UID inférieurs à 1000 (selon les distributions), ils sont utilisés par des services et des processus internes pour fonctionner correctement.
  • Les comptes utilisateurs standards : leurs UID commencent généralement à 1000, ils sont destinés aux utilisateurs humains.

Chaque utilisateur appartient à un groupe principal et peut être ajouté à des groupes secondaires. Ces groupes permettent de gérer collectivement les droits d’accès aux fichiers, répertoires et ressources système.

Les informations des utilisateurs et des groupes sont stockées dans plusieurs fichiers clés :

  • /etc/passwd : contient des informations comme le nom d’utilisateur, l’UID, le GID principal, le chemin du répertoire personnel et le shell par défaut.
  • /etc/shadow : stocke les mots de passe chiffrés et des informations sur la validité des mots de passe.
  • /etc/group : enregistre les noms des groupes, leurs GID et les utilisateurs membres de chaque groupe.
  • /etc/gshadow : contient des informations sensibles sur les groupes, notamment les mots de passe des groupes si utilisés.

Cette structure permet à Linux de différencier clairement les utilisateurs, de limiter l’accès aux ressources en fonction des permissions, et d’assurer la sécurité globale du système.

Création et gestion des utilisateurs

Dans un système Linux, chaque utilisateur est représenté par une entrée spécifique qui définit ses attributs : identifiant unique (UID), groupe principal, répertoire personnel, shell par défaut, etc. La gestion des utilisateurs consiste à ajouter, modifier ou supprimer ces comptes en fonction des besoins de l’organisation ou du serveur.

Lors de la création d’un utilisateur, plusieurs actions sont réalisées automatiquement :

  • Une nouvelle ligne est ajoutée dans le fichier /etc/passwd pour enregistrer les informations principales.
  • Un répertoire personnel (home) est créé si la configuration le prévoit, afin de fournir un espace privé à l’utilisateur.
  • L’utilisateur est affilié à un groupe principal (généralement du même nom que le login), ce qui permet de gérer ses permissions de manière collective.

La modification d’un utilisateur permet d’adapter certains paramètres selon l’évolution des besoins :

  • Le shell par défaut peut être changé pour s’adapter aux préférences de l’utilisateur.
  • Le répertoire personnel peut être déplacé ou renommé.
  • L’utilisateur peut être ajouté à un ou plusieurs groupes secondaires afin d’accéder à de nouvelles ressources partagées.

La suppression d’un utilisateur entraîne la suppression de son entrée dans les fichiers système. Selon la configuration choisie, son répertoire personnel peut être conservé ou supprimé. Cette étape est importante pour maintenir la sécurité et l’ordre sur un système en production.

Gestion des groupes

Les groupes sous Linux sont utilisés pour gérer des permissions collectives. Chaque groupe est identifié par un nom et un GID (Group ID). Ils permettent de définir des droits d’accès communs à plusieurs utilisateurs, simplifiant ainsi l’administration des permissions sur les fichiers, répertoires et autres ressources.

Chaque utilisateur est obligatoirement rattaché à un groupe principal lors de sa création. Ce groupe est généralement du même nom que l’utilisateur lui-même, mais il peut être modifié. En plus du groupe principal, un utilisateur peut appartenir à plusieurs groupes secondaires, ce qui lui donne des accès supplémentaires sur certaines ressources partagées.

Les informations sur les groupes sont centralisées dans les fichiers suivants :

  • /etc/group : enregistre les noms des groupes, leurs GID et les membres de chaque groupe.
  • /etc/gshadow : contient des informations sensibles sur les groupes, comme des mots de passe s’ils sont utilisés (peu courant).

Gérer les groupes est indispensable pour :

  • Organiser efficacement les utilisateurs selon leurs rôles ou projets.
  • Simplifier la gestion des droits d’accès en attribuant des permissions au groupe plutôt qu’à chaque utilisateur individuellement.
  • Renforcer la sécurité en cloisonnant les accès aux ressources.

Élévation de privilèges

L’élévation de privilèges désigne le processus par lequel un utilisateur obtient temporairement des droits supérieurs pour exécuter des actions normalement réservées à des comptes plus puissants, comme celui de root. Ce mécanisme est indispensable pour certaines opérations d’administration, mais il doit être maîtrisé afin de ne pas compromettre la sécurité du système.

Le principal outil utilisé à cette fin est sudo, qui permet à des utilisateurs autorisés d’exécuter des commandes avec des privilèges élevés sans avoir à se connecter directement en tant que root. Chaque action réalisée avec sudo est enregistrée dans des journaux, ce qui renforce la traçabilité des actions critiques.

La configuration des privilèges d’élévation passe par le fichier /etc/sudoers, où sont définies les permissions :

  • Quels utilisateurs peuvent utiliser sudo.
  • Pour quelles commandes précises ces autorisations sont valables.
  • Dans quel contexte ou groupe ces privilèges s’appliquent.

Pour éviter tout incident, ce fichier doit être modifié uniquement avec l’outil visudo, qui vérifie la syntaxe avant de valider les modifications.

L’élévation de privilèges est également un vecteur courant d’attaque en cas de mauvaise configuration. C’est pourquoi il est essentiel de n’accorder que les droits strictement nécessaires (principe du moindre privilège) et de surveiller régulièrement les comptes autorisés.

Conclusion

Maintenant que vous savez comment sont organisés les utilisateurs et groupes sous Linux, comment sont définis les droits d’accès et comment fonctionne l’élévation de privilèges, vous disposez des bases nécessaires pour administrer efficacement un système Linux. La compréhension de ces principes vous permettra de structurer votre environnement avec rigueur et de sécuriser l’accès aux ressources critiques.

Plus Loin

Pour approfondir vos connaissances sur la gestion des utilisateurs et groupes sous Linux, voici mes guides dédiés :

FAQ - Questions Fréquemment Posées

Qu'est-ce qu'un utilisateur sous Linux ?
Un utilisateur sous Linux est une entité qui dispose d'un compte permettant d'accéder au système. Chaque utilisateur est identifié par un nom unique (login) et un identifiant numérique (UID). Il existe plusieurs types d'utilisateurs : le superutilisateur (root) qui a tous les droits, les comptes systèmes utilisés par les services, et les comptes standards destinés aux humains.
Quel est le rôle des groupes sous Linux ?
Les groupes sous Linux permettent de gérer collectivement les droits d'accès aux fichiers et ressources. Chaque groupe a un nom et un identifiant (GID). Les utilisateurs appartiennent à un groupe principal et peuvent faire partie de groupes secondaires pour obtenir des accès supplémentaires aux ressources partagées.
Quels sont les fichiers importants pour la gestion des utilisateurs et groupes sous Linux ?
Les principaux fichiers sont : /etc/passwd (informations de base des utilisateurs), /etc/shadow (mots de passe chiffrés), /etc/group (informations sur les groupes) et /etc/gshadow (informations sensibles sur les groupes). Ces fichiers permettent de gérer l'authentification et les permissions.
Comment créer et gérer un utilisateur sous Linux ?
Pour créer un utilisateur, la commande useradd est utilisée ; elle ajoute une ligne dans /etc/passwd, crée un répertoire personnel et l'associe à un groupe principal. Pour modifier un utilisateur (changer de shell, ajouter à des groupes), on utilise usermod. Pour supprimer un utilisateur, on utilise userdel, avec possibilité de conserver ou non ses fichiers.
Comment fonctionne la gestion des groupes sous Linux ?
La gestion des groupes se fait avec des commandes comme groupadd (création), groupmod (modification) et groupdel (suppression). Les groupes permettent d’attribuer des permissions à plusieurs utilisateurs simultanément, ce qui facilite l’administration des droits d’accès aux ressources partagées.
Qu'est-ce que l'élévation de privilèges sous Linux ?
L'élévation de privilèges permet à un utilisateur d'exécuter des commandes avec des droits supérieurs, généralement ceux de root. L'outil sudo est principalement utilisé pour cela, en permettant d'accorder temporairement ces droits à des utilisateurs autorisés. Les règles sont définies dans le fichier /etc/sudoers.
Quelles sont les bonnes pratiques pour sécuriser la gestion des utilisateurs sous Linux ?
Il est recommandé de créer des comptes distincts pour chaque utilisateur, de limiter l'usage du compte root, d'utiliser sudo avec parcimonie, de surveiller les fichiers /etc/passwd et /etc/shadow, et de revoir régulièrement les droits des utilisateurs et des groupes pour appliquer le principe du moindre privilège.