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Les racines du DevOps

Mise à jour :

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Aux origines de la démarche DevOps

Le DevOps, ce n’est pas une norme, ni une méthode prescrite par une autorité. C’est un mouvement né du terrain, d’un constat partagé dans les entreprises du monde entier : les silos entre développeurs et opérationnels freinent l’innovation autant qu’ils génèrent de l’instabilité.

Mais pour bien comprendre d’où vient cette culture DevOps, il faut remonter plus loin… jusque dans l’histoire des méthodes de production industrielle, puis des modèles de gestion de projets, avant de revenir aux conférences fondatrices des années 2000.

De l’usine au code : racines industrielles

Le taylorisme et ses limites

L’Organisation Scientifique du Travail (OST), initiée par Taylor, repose sur la décomposition des tâches, l’optimisation des mouvements et la spécialisation à outrance. Résultat : une productivité de masse… mais aussi une perte de sens, de qualité et de réactivité.

DevOps naît en partie en réaction à ces méthodes rigides, en cherchant au contraire à favoriser la collaboration, la polyvalence et la remontée terrain.

Le lean, ou l’amélioration continue

Dans les années 50, Toyota invente le Lean. Son objectif ? Supprimer les gaspillages (muda), favoriser la qualité, la flexibilité, et l’engagement de tous les collaborateurs. Ce modèle s’appuie sur la boucle PDCA (Plan, Do, Check, Act), aussi appelée roue de Deming.

Ce principe de petits cycles d’amélioration continue est au cœur du DevOps, de ses boucles de rétroaction et de sa vision systémique des flux de valeur.

Les méthodes projet : de la cascade à l’agile

Le modèle en cascade

Longtemps, les projets informatiques ont suivi un modèle séquentiel : besoins → cahier des charges → développement → validation. Résultat : effet tunnel, rigidité, et décalage entre la solution livrée et les attentes réelles.

L’émergence de l’agilité

Avec le manifeste agile (2001), la donne change : place aux cycles courts, à l’adaptation continue, et à la collaboration client-équipe. Mais si l’agile transforme le développement, il ne résout pas le décalage avec les équipes d’exploitation.

Le déclencheur : la fracture Dev / Ops

Dans les années 2000, on voit apparaître un paradoxe :

  • Les équipes dev veulent livrer vite et souvent (agile, CI/CD…),
  • Les équipes ops doivent garantir stabilité, sécurité, conformité.

Ces objectifs contradictoires entraînent tensions, incidents et lenteurs. On parle alors du “mur de la confusion”, quand le code quitte les mains des devs pour créer le chaos en prod.

Mur de la confusion Illustration réalisée par Dall-E

La naissance du mouvement DevOps

Le mot DevOps apparaît en 2009, lors des DevOpsDays à Gand (Belgique), organisés par Patrick Debois. Ce n’est pas une méthode, c’est une culture de réconciliation.

Parmi les figures marquantes du mouvement :

  • Andrew Shafer, initiateur de l’idée “Agile Infrastructure” dès 2008,
  • John Allspaw & Paul Hammond, avec leur talk « 10 deploys per day » chez Flickr,
  • Damon Edwards & John Willis, auteurs du modèle CAMS → Culture, Automation, Measurement, Sharing,
  • Jez Humble (Continuous Delivery, Accelerate),
  • Gene Kim (The Phoenix Project, The Unicorn Project).

Tous dénoncent le cloisonnement, et défendent une approche intégrée du développement, de l’exploitation… et de plus en plus, de la sécurité : c’est la naissance du DevSecOps.

Pourquoi DevOps ? Parce que le monde a changé

Ce que propose le DevOps, c’est de s’aligner sur les flux de valeur :

  • arrêter de compartimenter les métiers,
  • partager les responsabilités,
  • automatiser intelligemment,
  • s’adapter en continu.

C’est une démarche culturelle, organisationnelle et technique, à la croisée du lean, de l’agile, et des contraintes modernes de sécurité et de souveraineté.

👉 Dans le chapitre suivant, découvrons les principes fondamentaux du DevOps : culture, automatisation, mesure, lean, feedback.