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Phases d'une attaque informatique

Mise à jour :

Dans le prolongement de ma série de guides dédiés à la compréhension des cybermenaces, nous abordons aujourd’hui les différentes phases d’une attaque et sur l’importance de sécuriser en profondeur nos infrastructures.

Les cyberattaques sont rarement le fruit du hasard. Elles résultent d’une planification stratégique minutieuse par des individus ou des groupes cherchant à exploiter les faiblesses des systèmes pour atteindre leurs objectifs malveillants. En comprenant ces phases, nous pouvons non seulement mieux nous protéger, mais aussi renforcer la résilience de nos systèmes face à des menaces de plus en plus sophistiquées.

Les phases d’une attaque informatique

1. Reconnaissance

La reconnaissance est la première étape fondamentale dans l’élaboration d’un plan d’attaque. L’attaquant collecte un maximum d’informations sur la cible afin de construire une stratégie efficace pour les phases suivantes. Cette phase est cruciale car elle détermine la direction et l’efficacité de l’attaque.

Exemples de méthodes utilisées :

  • OSINT (Open Source Intelligence) : Exploitation des informations disponibles publiquement.
  • Profilage des employés sur les réseaux sociaux : Identification des personnes clés et collecte d’informations exploitables.
  • Analyse des infrastructures web : Exploration des sites web, domaines et services exposés.

Techniques de protection :

  • Sensibilisation du personnel : Former les employés aux bonnes pratiques de sécurité.
  • Contrôle de la diffusion d’informations : Limiter les données publiques sur l’organisation.
  • Surveillance de la réputation en ligne : Détecter les fuites d’informations.

2. Armement

L’armement est la phase où l’attaquant développe ou acquiert les outils nécessaires pour exploiter les vulnérabilités identifiées lors de la reconnaissance. Cela peut inclure la création de malwares, de scripts d’exploitation ou l’achat d’outils sur des forums clandestins.

Exemples de méthodes utilisées :

  • Développement de malwares personnalisés : Conception de logiciels malveillants adaptés à la cible.
  • Acquisition d’exploits : Achat ou téléchargement d’outils exploitant des vulnérabilités spécifiques.
  • Préparation de kits de phishing : Création de pages web frauduleuses pour tromper les utilisateurs.

Techniques de protection :

  • Mises à jour régulières des systèmes : Réduire les vulnérabilités exploitables.
  • Utilisation de solutions antivirus et antimalwares : Détecter et bloquer les logiciels malveillants connus.
  • Surveillance des menaces émergentes : Rester informé des nouvelles techniques d’attaque.

3. Livraison

La phase de livraison consiste pour l’attaquant à transmettre l’outil malveillant à la cible. Cela peut se faire par divers vecteurs, tels que des emails de phishing, des sites web compromis ou des dispositifs physiques infectés.

Exemples de méthodes utilisées :

  • Envoi de pièces jointes infectées : Emails contenant des documents malveillants.
  • Sites web compromis : Hébergement de malwares sur des sites légitimes piratés.
  • Dispositifs USB infectés : Distribution de clés USB contenant des logiciels malveillants.

Techniques de protection :

  • Filtres anti-spam et anti-phishing : Bloquer les emails suspects.
  • Formation des employés : Sensibiliser aux dangers des pièces jointes et des liens inconnus.
  • Politiques de sécurité strictes : Interdire l’utilisation de dispositifs externes non autorisés.

4. Exploitation

Lors de l’exploitation, l’attaquant utilise l’outil livré pour exploiter une vulnérabilité et obtenir un accès initial au système cible. Cette phase marque le début de la compromission active du système.

Exemples de méthodes utilisées :

  • Exécution de code à distance : Exploitation de failles permettant l’exécution de commandes.
  • Exploitation de failles zero-day : Utilisation de vulnérabilités non encore connues du public.
  • Ingénierie sociale : Tromper l’utilisateur pour qu’il exécute le malware.

Techniques de protection :

  • Application des correctifs de sécurité : Réduire les vulnérabilités exploitables.
  • Utilisation de solutions EDR (Endpoint Detection and Response) : Détecter les comportements suspects sur les terminaux.
  • Restriction des privilèges utilisateurs : Limiter les actions que peut effectuer un compte compromis.

5. Installation

Après une exploitation réussie, l’attaquant procède à l’installation de logiciels malveillants supplémentaires pour maintenir un accès persistant au système. Cela peut inclure l’installation de backdoors, de chevaux de Troie ou d’autres outils malveillants.

Exemples de méthodes utilisées :

  • Installation de backdoors : Créer des points d’accès cachés pour un retour ultérieur.
  • Déploiement de rootkits : Masquer la présence de logiciels malveillants.
  • Configuration de services malveillants : Ajouter des services système pour le contrôle à distance.

Techniques de protection :

  • Surveillance des modifications système : Détecter l’ajout de nouveaux services ou programmes.
  • Utilisation de solutions anti-malwares avancées : Identifier et supprimer les logiciels malveillants.
  • Contrôle des intégrités des fichiers : Détecter les altérations non autorisées.

6. Commande et Contrôle (C2)

La phase de commande et contrôle permet à l’attaquant de communiquer avec le système compromis pour le diriger. Cela implique l’établissement de canaux de communication entre le malware et l’attaquant.

Exemples de méthodes utilisées :

  • Utilisation de serveurs C2 : Serveurs dédiés pour contrôler les malwares

  • Canaux de communication chiffrés : Utilisation de protocoles sécurisés (comme HTTPS) pour masquer les transmissions.

  • Techniques de camouflage : Utilisation de DNS tunneling ou de réseaux sociaux pour dissimuler la communication.

Techniques de protection :

  • Analyse comportementale : Détecter les communications anormales sortantes.
  • Blocage des connexions suspectes : Utiliser des listes de contrôle d’accès pour restreindre les connexions vers des domaines inconnus.
  • Isolation des systèmes compromis : Limiter la capacité des attaquants à interagir avec les autres parties du réseau.

7. Actions sur l’objectif

La phase finale, appelée actions sur l’objectif, représente l’étape où l’attaquant atteint ses objectifs initiaux, qu’il s’agisse de voler des données, de détruire des systèmes, ou de perturber les services. Selon la motivation de l’attaque, les actions peuvent varier :

Exemples de méthodes utilisées :

  • Exfiltration de données : Transfert de données sensibles vers un serveur externe.
  • Destruction de données : Effacement ou cryptage des fichiers pour causer des dégâts.
  • Systèmes de rançongiciels : Verrouillage des fichiers et demande de rançon pour leur décryptage.
  • Perturbation des services : Lancer des attaques par déni de service (DDoS) pour interrompre l’activité.

Techniques de protection :

  • Surveillance du trafic réseau : Utiliser des outils de détection pour identifier les transferts de données inhabituels.
  • Chiffrement des données sensibles : Protéger les informations critiques pour rendre leur exfiltration inutile.
  • Plans de réponse aux incidents : Avoir des procédures en place pour contenir et gérer les impacts d’une attaque réussie.

Conclusion

La compréhension des sept phases d’une attaque informatique va vous permettre de comprendre l’importance d’intégrer la sécurité dés le départ. Chaque phase, de la reconnaissance aux actions sur l’objectif, montre à quel point une attaque peut être structurée et méthodique. Dans mes prochains guides, nous détaillerons chacune de ces phases pour vous offrir une vision claire des tactiques employées et des stratégies de défense adaptées.

L’objectif est de vous fournir non seulement une compréhension théorique, mais aussi des conseils pratiques pour sécuriser votre infrastructures de manière proactive. La cybersécurité est un processus continu d’apprentissage et d’adaptation, et il est indispensable de rester informé des dernières menaces et techniques d’attaque pour protéger efficacement vos systèmes.

Sources

  1. CyberInstitut : Explication détaillée de la Cyber Kill Chain et des étapes d’une cyberattaque.
  2. Dashlane : Description des sept étapes d’une cyberattaque selon le modèle de la Cyber Kill Chain.
  3. BeyondTrust : Blog détaillant les sept étapes d’une cyberattaque réussie et les méthodes des attaquants.