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Devs et Admins : mieux se comprendre

Mise à jour :

Les systèmes deviennent de plus en plus complexes, les attentes des utilisateurs augmentent, et les déploiements doivent être plus rapides. Cette pression constante met à rude épreuve les équipes techniques. Pourtant, dans de nombreuses organisations, développeurs et administrateurs système continuent de fonctionner comme deux équipes distinctes, ce qui freine l’efficacité.

Pourquoi devs et admins doivent collaborer aujourd’hui ?

Les systèmes se complexifient, les attentes augmentent, et les déploiements doivent être plus rapides… tout cela met une pression constante sur les équipes techniques. Or, dans de nombreuses organisations, les développeurs et les administrateurs système continuent de fonctionner comme deux équipes séparées. C’est un frein.

Quand les devs livrent du code sans penser à la prod, et que les admins doivent “rattraper les erreurs” sous pression, les incidents se multiplient, les délais s’allongent, et la confiance s’effondre.

Une chaîne de valeur unique

Que l’on parle d’application web, de service API ou de traitement batch, tout fait partie de la même chaîne de valeur. Le client final ne distingue pas le développeur de l’administrateur. Il attend que ça fonctionne, et vite. Or, cela suppose que tous les maillons de la chaîne soient alignés.

C’est pourquoi la fin du modèle en silos est devenue une nécessité. Il ne s’agit pas de fusionner tous les rôles, mais d’apprendre à travailler ensemble, dès le départ.

Une culture de la vitesse ET de la fiabilité

Les cycles de livraison se sont accélérés avec l’adoption des méthodes agiles et des pratiques DevOps. On ne parle plus de déploiements semestriels, mais quotidiens, voire plusieurs fois par jour.

Cela ne peut fonctionner que si l’infrastructure est prête, les configurations maîtrisées, les environnements cohérents. D’où l’importance d’une collaboration étroite entre devs et ops sur :

  • la conception de l’architecture,
  • les pipelines d’intégration et de déploiement,
  • les environnements de test,
  • la gestion des secrets, des logs, des métriques…

DevOps n’est pas une stack, c’est une culture

Ce n’est pas parce qu’on utilise GitLab, Docker ou Kubernetes qu’on fait du DevOps. Ces outils sont des facilitateurs, mais sans culture de collaboration, ils ne suffisent pas.

DevOps, c’est avant tout :

  • une volonté de communication continue entre les équipes,
  • une transparence sur les décisions techniques,
  • une coresponsabilité sur les livraisons.

Quand tout le monde travaille avec les mêmes objectifs (livrer vite, stable, sécurisé), alors l’organisation progresse. Pas besoin de bouleverser tout du jour au lendemain : commencer par mieux se comprendre est déjà une avancée.

Ce que les administrateurs doivent comprendre des développeurs

Les développeurs ont une façon de travailler marquée par la vitesse, la répétition et l’automatisation. Pour collaborer efficacement avec eux, il faut saisir leur logique et leur environnement.

Le versioning comme point de départ

Tout commence par le contrôle de version. Chaque projet s’appuie sur Git, que ce soit en ligne de commande ou via une plateforme comme GitLab. Les branches, les merges, les commits structurés (conventional commits) font partie du quotidien. L’historique du code est une ressource critique, pas un simple backup.

L’intégration continue est un réflexe

Dès qu’un développeur pousse du code, il s’attend à ce qu’une chaîne d’intégration continue (CI) prenne le relais. Tests, vérifications de syntaxe, builds, conteneurisation : tout cela doit être automatisé avec un outil comme GitLab CI, Jenkins ou GitHub Actions.

Pour les administrateurs système, cela signifie fournir des environnements reproductibles, capables d’exécuter ces étapes sans intervention manuelle.

Les dépendances doivent être maîtrisées

Un projet moderne dépend souvent de dizaines de librairies. Les développeurs utilisent des outils pour installer, figer et mettre à jour ces dépendances. Exemples :

  • Poetry ou Pipenv pour Python
  • npm ou yarn pour JavaScript
  • composer pour PHP
  • bundler pour Ruby
  • cargo pour Rust
  • go modules pour Go
  • etc.

Une dépendance mal gérée peut bloquer un déploiement ou introduire une faille de sécurité. D’où l’intérêt d’outils comme Renovate ou Dependabot.

L’écriture de tests est intégrée au cycle

Les développeurs ne testent plus « à la main ». Ils intègrent des tests automatisés dans le code :

Ces tests sont déclenchés automatiquement à chaque commit. En cas d’erreur, ils bloquent la mise en production.

Des outils pour tout orchestrer

Les développeurs automatisent leurs tâches avec des scripts ou des outils comme :

  • Make ou Task pour les commandes complexes

Ces outils sont pensés pour que le développeur puisse travailler sans dépendre d’un environnement externe.

Python : un langage commun

Même si les développeurs utilisent de nombreux langages (Go, PHP, Rust…), Python est souvent utilisé pour les scripts internes, les outils maison, les APIs. Pour un administrateur système, apprendre Python permet de :

  • lire et comprendre les outils des développeurs,
  • automatiser ses propres tâches,
  • collaborer sur des projets communs (API, scripts de déploiement, dashboards).

Voir “Débutez avec Python” pour aller plus loin.

Ce que les développeurs doivent respecter du côté admin sys

Travailler avec l’infrastructure, ce n’est pas simplement “déployer du code”. C’est tenir compte de tout un environnement : réseau, sécurité, ressources, surveillance. Pour que la coopération fonctionne, les développeurs doivent intégrer ces contraintes dans leur quotidien.

La sécurité ne se bricole pas

Chaque déploiement, chaque librairie, chaque configuration a un impact en termes de sécurité. Les administrateurs sont garants :

  • de l’accès aux machines et services,
  • de la gestion des secrets (mots de passe, tokens),
  • des règles réseau (pare-feu, flux interservices).

Un conteneur mal configuré, un port mal exposé, ou une dépendance vulnérable peuvent ouvrir la porte à des attaques. Les devs doivent donc intégrer ces enjeux dès la phase de développement.

La traçabilité est une exigence

Qui a déployé ? Quoi ? Quand ? Et avec quelles modifications ? Les administrateurs doivent pouvoir tracer toutes les actions. Cela passe par :

  • des commits clairs (conventional commits),
  • des pipelines CI/CD versionnés,
  • des logs d’audit consultables.

Un développeur qui déploie sans garder trace met toute l’équipe en difficulté lors d’un incident.

Le monitoring est indispensable

Le travail ne s’arrête pas à “ça marche sur ma machine”. En production, il faut surveiller l’application : état des services, charge CPU, erreurs, latence, etc.

Les admins utilisent des outils comme Prometheus pour collecter les métriques et Grafana pour les visualiser. Les développeurs peuvent :

  • exposer des métriques personnalisées,
  • standardiser les logs avec logging Python),
  • documenter les seuils à surveiller.

Le code a un coût pour l’infrastructure

Une boucle mal optimisée, une requête trop lourde, un service qui tourne en boucle… Tout cela pèse sur les ressources. CPU, RAM, I/O : l’infra doit encaisser.

Les développeurs doivent avoir une conscience infrastructurelle :

  • ne pas surestimer les machines,
  • éviter les services gourmands non justifiés,
  • prévoir un mécanisme de retry et de timeout.

Un bon dev, c’est aussi un dev qui pense à ceux qui hébergent son code.

L’infrastructure as code est aussi leur terrain

Les administrateurs automatisent l’infrastructure avec Terraform, Ansible, ou d’autres outils. Ces fichiers décrivent tout : réseau, stockage, VMs, voir conteneurs…

Quand un développeur participe à la définition de l’infrastructure (via des modules Terraform ou des rôles Ansible), il devient acteur de sa robustesse.

Le dépôt d’artefacts est une pièce critique

Un binaire, une image Docker, une archive : tout doit être stocké proprement. Les dépôts comme :

permettent de garantir la traçabilité, la version et la sécurité des artefacts. Publier là, et pas sur un service public, est souvent une exigence de production.

Vers une vraie culture DevOps

Les outils, les pipelines, les scripts… tout cela ne suffit pas sans une culture commune. DevOps n’est pas qu’un ensemble de pratiques : c’est une façon de travailler ensemble, d’apprendre ensemble, et de réussir ensemble. Voici les leviers concrets pour aller au-delà des outils et construire une véritable dynamique d’équipe.

Partager les retours, les réussites comme les échecs

La culture DevOps valorise le feedback continu. Lors d’un incident ou d’un succès, les deux équipes doivent pouvoir échanger :

  • sans blâme,
  • avec des faits concrets (logs, métriques, historique Git),
  • dans une logique d’amélioration.

Un retour post-mortem n’est pas une enquête policière, mais un moment pour apprendre ensemble.

Coconstruire les outils et les process

Lorsqu’un outil interne est développé, les développeurs amènent la logique, les admins apportent les contraintes. Ensemble, ils produisent un outil :

  • qui respecte les normes internes (format, logs, sécurité),
  • qui est documenté et maintenable,
  • qui répond à un besoin réel.

C’est aussi valable pour les scripts, les pipelines, ou même les modèles de tickets dans Jira.

Mutualiser les formations

Quand un développeur découvre Terraform, ou qu’un administrateur apprend à écrire des tests unitaires avec Unittest, chacun s’enrichit du point de vue de l’autre.

Organiser des ateliers, des démonstrations internes, ou des séances de revue croisée est un excellent moyen de faire grandir les équipes.

Aligner les objectifs sur la qualité, pas seulement la vitesse

Livrer vite, oui, mais pas au détriment de la fiabilité ou de la sécurité. Une culture DevOps mature repose sur des indicateurs partagés :

  • taux de succès des déploiements,
  • temps de restauration après incident,
  • qualité du code et couverture des tests,
  • taux de satisfaction interne.

Ces métriques doivent être suivies ensemble, et non jetées comme des reproches.

Conclusion

La collaboration entre développeurs et administrateurs ne se décrète pas, elle se construit au quotidien. En comprenant les besoins de chacun, en partageant les outils, et en travaillant sur des objectifs communs, on passe d’un fonctionnement en silos à une véritable dynamique DevOps. Ce n’est pas qu’une question de technique : c’est avant tout une question de confiance et de dialogue.