Sécuriser du code à la production
Mise à jour :
La sécurité ne s’improvise pas. Elle se construit méthodiquement, couche par couche, du système d’exploitation jusqu’à l’application déployée. Cette section te guide dans cette construction progressive, en partant des fondamentaux théoriques pour aller vers les outils concrets.
Pourquoi cette section ?
Trop souvent, la sécurité arrive en fin de projet, quand les choix d’architecture sont figés et que les mauvaises pratiques sont enracinées. L’approche DevSecOps que je défends ici inverse cette logique : intégrer la sécurité dès la conception, à chaque étape du cycle de développement.
“Je dois sécuriser mon serveur, mais par où commencer ? Faut-il d’abord configurer le pare-feu ou durcir SSH ? Et les conteneurs, c’est vraiment plus risqué ? Comment je gère mes secrets sans les mettre dans Git ?”
Ces questions, je me les suis posées. Et c’est exactement ce que cette section vise à clarifier.
Mon objectif pédagogique est de vous rendre autonome sur trois axes :
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Comprendre les menaces : avant de se défendre, il faut savoir contre quoi. Je vous explique comment pensent les attaquants, quelles sont leurs méthodes et leurs cibles privilégiées.
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Maîtriser les fondamentaux : les principes comme le moindre privilège, la défense en profondeur ou le Zero Trust ne sont pas des buzzwords. Ce sont des guides de conception que vous appliquerez dans chaque décision technique.
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Utiliser les bons outils : scanner les vulnérabilités, durcir les configurations, protéger les secrets, sécuriser les conteneurs… Je vous présente les outils open source de référence avec des guides pratiques.
Les grandes thématiques
1.Principes de sécurité
Tout commence par les fondamentaux théoriques. Le moindre privilège consiste à n’accorder que les droits strictement nécessaires. La minimisation réduit la surface d’attaque en supprimant le superflu. Le Zero Trust part du principe qu’aucune entité n’est digne de confiance par défaut. Ces principes fondamentaux guideront toutes tes décisions d’architecture.
2.Comprendre les menaces
Avant de se défendre, il faut connaître son ennemi. J’analyse le profil des attaquants et leurs motivations. Les phases d’une attaque — reconnaissance, armement, livraison — te permettent de comprendre la kill chain et d’anticiper où placer tes défenses. Les GTFObins révèlent comment des binaires Linux légitimes peuvent être détournés.
3.Durcissement Linux
Le durcissement système constitue le socle de ta sécurité. Je m’appuie sur les référentiels reconnus : ANSSI-BP-028 pour les recommandations françaises et CIS Benchmarks pour les standards internationaux. Tu apprendras à sécuriser SSH et PAM, à auditer tes serveurs avec Lynis et OpenSCAP, et à implémenter le contrôle d’accès obligatoire avec SELinux ou AppArmor.
4.Sécurité réseau
La protection réseau s’organise en trois couches. Les pare-feux filtrent le trafic avec UFW sur Debian/Ubuntu ou Firewalld sur RHEL. Les systèmes de détection d’intrusion comme CrowdSec, Snort et AIDE alertent sur les comportements suspects. Les outils d’analyse (Nmap, TCPDump, Netcat) permettent d’investiguer.
5.Analyse de code et vulnérabilités
L’analyse de sécurité couvre plusieurs dimensions. La détection de secrets exposés avec Gitleaks et TruffleHog évite les fuites de credentials. Le scan de vulnérabilités avec Nuclei et Dependency-Track identifie les failles connues. L’analyse d’images conteneurs avec Trivy, Grype et Dockle sécurise tes builds. Checkov vérifie ton Infrastructure as Code. Le système CVE/CVSS/EPSS te permet de prioriser les correctifs.
6. Sécurité des conteneurs
La conteneurisation introduit de nouveaux vecteurs d’attaque. Kubescape vérifie la conformité Kubernetes aux standards NSA et MITRE. NeuVector assure la protection runtime et la micro-segmentation réseau.
7. Gestion des secrets
Les secrets (mots de passe, clés API, certificats) nécessitent une gestion rigoureuse. HashiCorp Vault centralise et fait tourner automatiquement les credentials. SOPS chiffre les secrets directement dans Git. Infisical offre une alternative moderne. Pour les équipes, Bitwarden et Passbolt gèrent les mots de passe partagés.
8. Supply chain logicielle
La chaîne d’approvisionnement est devenue une cible majeure des attaquants. Le framework SLSA définit les niveaux de maturité pour sécuriser les builds. L’OWASP Top 10 CI/CD identifie les risques des pipelines. Cosign signe cryptographiquement les images de conteneurs.
9. Haute disponibilité
La résilience fait partie de la sécurité. Corosync et Pacemaker orchestrent le clustering haute disponibilité. DRBD réplique les disques en temps réel entre serveurs.
10. Systèmes d’exploitation immuables
L’immuabilité change radicalement l’approche de la sécurité. NixOS permet des configurations déclaratives et reproductibles, avec rollback instantané en cas de problème.
Comment progresser en sécurité
Chaque guide est autonome : tu peux consulter directement celui qui répond à ton besoin immédiat. Mais pour une montée en compétences structurée, voici ma méthode :
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Identifie ton point faible : Où sont tes vulnérabilités aujourd’hui ? Serveurs non durcis ? Secrets dans le code ? Conteneurs non scannés ?
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Commence par les principes : sans cette base théorique, tu risques d’empiler des outils sans cohérence.
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Comprends les menaces : savoir comment attaquent les adversaires te permet de mieux te défendre.
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Priorise un sujet à la fois : durcissement système, puis réseau, puis analyse de code, puis gestion des secrets. Applique chaque thématique complètement avant de passer à la suivante.
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Automatise dès que possible : un scan manuel que tu oublies ne sert à rien. Intègre les outils dans tes pipelines CI/CD.
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Teste tes défenses : lance des scans sur tes propres systèmes, vérifie que tes règles de pare-feu fonctionnent, simule des attaques.
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Reste en veille : les menaces évoluent. Suis les CVE critiques, les nouvelles techniques d’attaque, les mises à jour des outils.
Prêt à sécuriser ?
- Commence par les principes fondamentaux
- Comprends comment pensent les attaquants
- Puis attaque le durcissement de tes serveurs
La sécurité n’est pas une destination, c’est un processus continu. Avance étape par étape, et chaque amélioration compte.